Lancée en 2019, cette jeune pousse sonde sur les réseaux sociaux pour le compte de marques, d'instituts de sondage ou de cabinets de conseil. Elle lève 1,6 million d'euros pour renforcer son équipe technique et crédibiliser leur méthode de sondage.
Dans un monde où les réseaux sociaux font partie de la vie des Français, Episto s'est naturellement intéressé à ce canal pour les sonder. L'histoire de cette jeune pousse qui enquête pour le compte de marques et cabinets de conseil a débuté en 2018, au coeur du mouvement des « Gilets Jaunes ».
Lancé à l'époque sous la forme associative, Episto (ex-Entendre la France) se met à recueillir les doléances des citoyens via les réseaux sociaux. « Nous trouvions dommage que le seul moyen pour faire remonter les questionnements soit le site internet du Grand Débat national », explique Jérémy Lefebvre, le cofondateur.
La mayonnaise prend vite et l'association devient « une source crédible de données » ainsi que le partenaire officiel de la mairie de Paris. Aujourd'hui, la jeune pousse lève 1,6 million d'euros auprès de Takara Capital, de bpifrance et de business angel (Romain Niccoli, le cofondateur de Criteo, Charles Gorintin, le co-fondateur d'Alan, Alexandre Fretti, le CEO de Malt). Objectif : automatiser et perfectionner sa technologie mais aussi recruter des développeurs pour grossir son équipe de 15 personnes.
« Complémentaire » aux instituts de sondage
Concrètement, Episto récolte des données via des publicités ciblées sur Facebook, Instagram ou Snapchat. Les internautes sont invités à cliquer et répondre à des questionnaires. Le tout de manière ludique, en reprenant les codes conversationnels des messageries. En moins d'une semaine, les données sont livrées au client via une plateforme.
« La France compte 40 millions d'utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux, avec un temps moyen de deux heures par jour », avance l'ingénieur (Les Ponts), qui a fondé l'entreprise avec Alexis Watine (Polytechnique). Autrement dit, un terrain de jeu immense. Deux techniques sont possibles : la méthode des quotas, ou bien cibler une population en particulier.
Elle se veut « complémentaire » aux instituts de sondage traditionnels, qui font d'ailleurs appel à ses services, comme Ipsos, Ifop, Kantar… Et sa forte capacité à interroger des cibles niche peut faire la différence. Comme avec les jeunes, surtout dans un contexte d'élection présidentielle. « On sait que le vote des jeunes et leur intérêt pour ce sujet peuvent être déterminants », explique l'entrepreneur.
Défiance envers les réseaux sociaux
Chez les marques, la thématique du moment concerne le consommateur post-covid. Elles seraient friandes de comprendre ce que la crise a changé (ou pas) dans les comportements. Parmi ses principaux clients, on peut noter Décathlon, l'agence Dentsu, ou les cabinets Roland Berger et EY, qui font appel à Episto pour le compte de leurs propres clients.
Reste un frein à soulever : la défiance envers les réseaux sociaux. Tantôt perçus comme immatériels, tantôt peu crédibles, la jeune pousse a fait de la démystification son combat de tous les jours. « Dans les années soixante, les sondages se faisaient en face-à-face. Dans les années quatre-vingt, via les centres d'appels. En 2000, avec des panels. A chaque fois, les changements de méthode créaient de la défiance. La période 2020 sera l'émergence des études via les réseaux sociaux », parie-t-il.
Lors d'une étude sur le sport, un médaillé olympique français a été visé par les publicités sponsorisées et a répondu au sondage, rappelle le fondateur. Preuve, s'il en fallait, que les réseaux sociaux sont peuplés de « vrais » gens.
https://start.lesechos.fr/innovations-startups/tech-futur/episto-la-start-up-qui-sonde-vos-opinions-dune-nouvelle-facon-1354748