• Les startups IT nées pour s'adapter : la tribune de Bertrand Caron, cofondateur de l'accélérateur Polypus

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    Partenaire d’une quinzaine de start-up B2B qu’elle accompagne dans leur développement, l'accélérateur Polypus a vu émerger ces derniers jours des projets solidaires témoignant de la dynamique des chefs d’entreprise IT face à la crise sanitaire du coronavirus. Son cofondateur, Bertrand Caron, prend la parole dans cette tribune.

    Les start-up apportent fondamentalement des solutions de rupture pour réinventer le monde, c’est leur état d’esprit, leur moteur communs. Elles savent réagir au quart de tour face aux situations nouvelles, aux changements brutaux. D’une part, les start-up ont toutes des modèles d’organisation déjà virtualisés, fondés sur de la collaboration à distance et du télétravail. Leurs collaborateurs ont des statuts variés vis-à-vis de l’entreprise (free-lance, salariés, double employeur, etc.), peuvent résider loin de leur siège social : dans les faits, elles privilégient le talent, pas la présence au bureau.
    De surcroît, ces entreprises jeunes ont des structures légères : leurs créatrices et créateurs travaillent beaucoup aussi chez eux, elles ont déménagé déjà plusieurs fois, elles utilisent des espaces de coworking, bref, elles savent faire abstraction du cadre de travail pour se concentrer sur l’essentiel : les réalisations, le projet, la collaboration, la délivrance du service.
    Résultat : leurs équipes étaient prêtes à passer à 100 % en télétravail d’un claquement de doigts, car c’est déjà une composante originelle de leur organisation. Elles ont déjà les outils, elles ont aussi le management, les rituels avec points hebdomadaires, "daily stand-up" (la done et la to do list), permettant de partager objectifs, plan de travail, avancées.


    Créatives et solidaires

    Face à l’urgence, les start-up ont ainsi donné naissance, à une vitesse folle, en s’appuyant sur un mode de travail agile propre au growthhacking, à des solutions nouvelles, des packages complètement pensés pour la situation actuelle.
    Polypus a favorisé l’effet réseau, initiant concrètement des rapprochements pour permettre des partenariats, des synergies qui donnent naissance à de nouvelles solutions. Les patrons sont déjà dans cette mentalité du win-win, de la coconstruction, du réseautage, propre aux PME innovantes du XXIe siècle qui savent sourcer, agréger des ressources existantes pour aller vite et créer de la valeur.
    A l’exemple de Watcha et Open-DSI qui ont réuni en 48 heures, leurs technologies respectives de messagerie instantanée ultra-sécurisée et de travail collaboratif, sur une seule plateforme unifiée comprenant chat, télé et visioconférence, partage et édition de documents. Soit un peu de l’un, un peu de l’autre additionné sous une même bannière : OpenMeet.


    Partager de nouvelles façons de collaborer

    Depuis quelques jours, le shadow IT est revenu en force, c’est-à-dire qu’on réutilise allègrement chez soi en télétravaillant confiné, des outils grand public plus ou moins proscrits par la Direction Informatique, comme Whatsapp, Google Drive…
    Premier problème : les données de l’entreprise se retrouvent exposées à des risques, puisqu’elles sont hébergées sur des serveurs basés on ne sait où… Deuxième problème : comme tout le monde le fait, les serveurs rament, les connexions sont très lentes (c’est le même problème avec des lycéens qui n’accèdent pas aux plateformes d’enseignement à distance).
    Un énervement de plus quand on doit aussi s’habituer à un quotidien rempli d’enfants à occuper, de courses minutées, de réduction de l’espace vital, d’actualités anxiogènes. Comment faire son job, garder les idées claires, la tête froide. Et, le moral, et le cap… ? Les entreprises exposent ainsi leurs collaborateurs à des risques psychosociaux qui vont laisser des traces, sauf à apporter a minima la résolution des problèmes techniques liés à la collaboration massive à distance…


    Montrer la voie du futur

    Dans les start-up dirigées par des personnalités très engagées dans leur business, la mise à disposition solidaire, c’est-à-dire gracieusement durant la période de crise, de leur solution a été largement appliquée. Ainsi, elles alimentent dans l’immédiat le flux des initiatives solidaires en démontrant concrètement leur valeur ajoutée.
    A l’exemple de Watcha qui met à disposition des professionnels de santé sa messagerie instantanée sécurisée (hébergement Agréé Données de Santé), pour toute la durée de la crise sanitaire. Et de Cocoom, qui propose son kit de communication gratuit COVID-19 à partir de sa technologie de partage VISUEL de connaissances, 10 infographies courtes prêtes à l’emploi pour les DRH.
    Comme Watcha et Cocoom, de nombreuses start-up ont posté sur leurs réseaux sociaux, des messages sur des tests gratuits de leur solution pendant une période élargie à toute la crise sanitaire. Pour les grandes organisations, les collectivités qui cherchent dans l’urgence à faire face, c’est une alternative très utile. Et pour les start-up, c’est une réponse pragmatique, positive, au contexte.
    Le pari est clair : les start-up se disent « qu’essayer, c’est l’adopter Â» et qu’au moment du « retour à la normale Â», les entreprises et administrations tireront les enseignements de leur traversée de crise et conserveront, voire amplifieront, leurs nouvelles pratiques de travail à distance. Les centaines de téléchargement qu’elles ont obtenues, prouvent qu’elles ont eu raison.
    Le monde du travail de demain est en train de se mettre en place, les solutions étaient prêtes, beaucoup de mentalités ne l’étaient pas. Toutes les résistances ont été balayées en trois jours, le télétravail est la nouvelle norme.


    Qu’est-ce que cela va changer ? Tout !

    Demain, on ne traversera plus la France pour une réunion de 2 heures dans la capitale. Demain, on fera de bon gré de la communication transversale entre les services sans se voir. Demain, on aura appris à déconnecter productivité et mobilité physique, croissance et émission de CO2, équilibre vie pro et vie perso…
    Rêvons, inventons, créons, c’est le moment ou jamais…
     
    Cette tribune a été rédigée par Bertrand Caron, cofondateur de l’accélérateur de start-up, Polypus