• Carbios : la startup prometteuse de recyclage du PET

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    Depuis 2011, l'entreprise auvergnate travaille sur le biorecyclage du plastique. Elle a dĂ©veloppĂ© un procĂ©dĂ© permettant de dĂ©composer le PET en monomères, puis d'en produire de nouvelles bouteilles. Elle reprĂ©sente l'une des principales promesses françaises face au flĂ©au de la pollution due au plastique. Elle n’a Ă©tĂ© introduite en bourse que 2 ans après son lancement, une vĂ©ritable prouesse ! Depuis sa crĂ©ation en 2011 par le fonds Truffle Capital, l'entreprise auvergnate Carbios mise sur le recyclage biochimique de ce matĂ©riau omniprĂ©sent dans la planète, en utilisant des "ciseaux biologiques": des enzymes capables de dĂ©composer divers types de polymères en monomères. Son potentiel vient d'ĂŞtre reconnu par Nature.

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    De premières bouteilles en plastique bio-recyclĂ©

     

    Carbios, qui travaille sur ce procĂ©dĂ© depuis cinq ans, a rĂ©ussi non seulement Ă  optimiser l'enzyme capable de casser la chaĂ®ne molĂ©culaire du PET pour retrouver ses monomères d'origine, de manière Ă  atteindre un taux de dĂ©gradation de 98% en dix heures, explique Alain Marty. Elle est Ă©galement parvenue Ă  purifier les monomères ainsi gĂ©nĂ©rĂ©s de tout colorant, autre rĂ©sine etc., afin de pouvoir traiter toute sorte de dĂ©chet en PET.

    "Le degrĂ© de puretĂ© atteint est de 99%", prĂ©cise le directeur scientifique.

    L'entreprise a en outre prouvĂ© sa capacitĂ© Ă  "reconstituer du PET avec les mĂŞmes propriĂ©tĂ©s pĂ©trochimiques que celui vierge". Et dès mars 2019, elle a rĂ©ussi Ă  fabriquer des bouteilles en plastique rĂ©pondant aux exigences techniques et sanitaires des emballages destinĂ©s aux boissons.

    "Nous sommes le premiers et les seuls Ă  arriver sur le marchĂ© du recyclage chimique avec un tel niveau de performance", dĂ©clare le directeur gĂ©nĂ©ral adjoint de Carbios, Martin StĂ©phan.

     

    Un potentiel Ă©norme

     

    L'objectif est de trouver une alternative au recyclage mĂ©canique utilisĂ© aujourd'hui, qui consiste dans le broyage des polymères. Un procĂ©dĂ© qui implique une dĂ©gradation qualitative, notamment lorsque les emballages sont colorĂ©s ou mĂ©langĂ© Ă  d'autres matĂ©riaux, faisant ainsi obstacle Ă  de nombreuses rĂ©utilisations de la matière recyclĂ©e. Le procĂ©dĂ© dĂ©veloppĂ© par Carbios pourrait en outre permettre d'utiliser des dĂ©chets de fibres textiles en PET - aujourd'hui très rarement recyclĂ©s - pour produire des emballages, et vice-versa, en crĂ©ant ainsi de nouvelles opportunitĂ©s d'Ă©changes entre filières, explique Martin Stephan.

    Le marchĂ© potentiel est Ă©norme. 70 millions de tonnes de cette rĂ©sine sont produites dans le monde chaque annĂ©e, dont un tiers pour l'emballage et deux tiers pour les textiles en polyesters: une production qui devrait d'ailleurs encore croĂ®tre de presque 4%  chaque annĂ©e jusqu'en 2025.  L'offre de dĂ©chets Ă  recycler est donc lĂ . Mais du cĂ´tĂ© de la demande, de plus en plus de grandes marques qui, sous la pression de l'opinion publique et de la rĂ©glementation, s'engagent Ă  incorporer davantage de plastique recyclĂ©, butent contre une offre de matière de qualitĂ© encore très rĂ©duite, souligne le directeur adjoint de Carbios.

     

    Un démonstrateur industriel en construction à Lyon

     

    Carbios, qui compte 30 salariĂ©s - auxquels s'ajoutent une vingtaine de chercheurs partenaires au TBI - travaille donc afin de mettre au plus vite sa technologie sur le marchĂ©. Un dĂ©monstrateur industriel doit notamment voir le jour Ă  Ă  Saint-Fons, au Sud de Lyon, d'ici le deuxième trimestre 2021. Il sera financĂ© par une augmentation de capital de 14,5 millions d'euros, menĂ©e en juin 2019.

    Les producteurs de PET sont en effet les mieux placĂ©s pour tirer les fruits d'une telle technologie, estime Carbios:

    "Ils continueront de faire le mĂŞme mĂ©tier pour les mĂŞmes clients, mais en utilisant des dĂ©chets. Notre technologie va simplement se brancher sur leur chaĂ®ne de fabrication, dĂ©jĂ  existante. Et potentiellement, elle peut permettre de produire du PET recyclĂ© au mĂŞme coĂ»t que celui pĂ©trochimique", explique le directeur adjoint. "Dans 20, 30 ans, tous les PET pourraient ĂŞtre produits ainsi".

     

    A la recherche du premier licencié

     

    L'entreprise ressemble d'ailleurs dĂ©jĂ  d'importants clients futurs de ces producteurs de plastique. Un consortium fondĂ© avec L'OrĂ©al en 2017 accueille depuis un an aussi NestlĂ© Waters, PepsiCo et Suntory Europe (Orangina-Schweppes), qui ont signĂ© un accord de quatre ans. Ces utilisateurs de PET doivent notamment peser afin de convaincre la filière d'adopter la technologie de Carbios.

    En janvier, l'entreprise a Ă©galement engagĂ© un partenariat de co-dĂ©veloppement exclusif avec Novozymes. Ce sera ainsi le leader mondial du secteur qui produira l'enzyme propriĂ©taire de Carbios pour la dĂ©gradation du PET dans les phases de dĂ©monstration et de dĂ©ploiement industriel. Elle cherche dès Ă  prĂ©sent le premier licenciĂ© de son procĂ©dĂ© de dĂ©polymĂ©risation du PET, ajoutĂ© Martin StĂ©phan.

     

    "L'Ă©conomie circulaire, une tendance lourde"

     

    L'avenir du recyclage dans le monde d'après coronavirus n'inquiète en effet pas l'entreprise.

    "L'économie circulaire est une tendance lourde poussée par les jeunes générations, qui n'accepteront pas de pas en arrière", est convaincu Martin Stéphan.

    "Il n'est pas question de ralentir les technologies qui existent déjà, et je ne vois pas nos partenaires mettre tout à l'arrêt", ajoute-t-il.

    MalgrĂ© la crise, Carbios commercialisera d'ailleurs cette annĂ©e un premier produit: des granulĂ©s enzymĂ©s destinĂ©s Ă  la fabrication de PLA, un plastique utilisable dans l'emballage alimentaire et la vaisselle jetable. Issus d'un autre procĂ©dĂ© dĂ©veloppĂ© par Carbios, consistant Ă  introduire les enzymes "ciseaux" dans le polymère lui-mĂŞme, ces granulĂ©s permettent de produire du plastique compostable: il se dĂ©compose en monomères digĂ©rĂ©s par les micro-organismes du sol, assure Carbios.

    Via La Tribune.