La « million-mile
battery »
« Ce sera une des
journées les plus excitantes dans l'histoire de Tesla », a
prévenu
Elon Musk. Initialement prévu à la mi-mai, le « Battery Day »
a été
reporté à juin pour cause de coronavirus. De source proche du
constructeur
californien, Elon Musk prépare le lancement d'une nouvelle batterie
« révolutionnaire » (la « million-mile
battery ») qui
pourrait changer la donne pour l'électrification des véhicules en
réduisant
drastiquement les coûts.
Pas de rupture majeure - Tesla
utilisera encore des batteries lithium-ion - mais une évolution notable
des
composants de la « chimie » proposée par le constructeur
californien.
Cette batterie aurait une durée de vie approchant les 1,6 million de
km
et un coût de production qui rendrait les futures Tesla presque aussi
abordables que des véhicules à essence ou diesel. Selon les premières
indiscrétions, Tesla a mis au point un nouveau type de cellule
(« sans
languettes ») qui augmente la résistance de la batterie et
plusieurs
chimies novatrices avec les chercheurs de l'université de Dalhousie, au
Canada.
Première étape : remplacer le cobalt, un composant extrêmement
onéreux,
par du phosphate de fer lithié dans les batteries de ses Model 3
fabriqués en
Chine.
Accélérer la transition
énergétique
« C'est une étape
importante car elle va permettre de rendre la voiture électrique
abordable en
la mettant au même prix que la voiture thermique. À terme, elle va
être même
moins chère, car elle est plus simple que la voiture thermique, avec
40% de
composants en moins », explique Michaël Valentin, un ancien
de
McKinsey, cofondateur du cabinet d'intelligence opérationnelle OPEO,
auteur
d'un essai remarqué sur Le Modèle Tesla (1). Pour ce
dernier, « la mission de Tesla est d'accélérer la
transition vers
les énergies durables. Il ne se pose pas seulement en constructeur
d'automobiles, il s'impose en acteur de la transition
énergétique. »
La « traction
tentaculaire »
Actuellement, les batteries
représentent environ un tiers de la valeur d'un véhicule électrique, les
producteurs asiatiques (CATL, Panasonic, BYD…) trustant l'essentiel du
marché
mondial. Ce dernier devrait se monter, d'ici à 2030, « à 45
milliards d'euros, dont 25% liés au marché européen »,
indique Xavier
Mosquet, patron du Boston Consulting Group (BCG) Ã Detroit et l'un des
principaux inspirateurs de l'Airbus des batteries européen avec Patrick
Pélata
(ex-Renault). Pour Michaël Valentin, la vraie innovation qui va
révolutionner
l'industrie automobile, c'est toutefois ce qu'il appelle la « traction
tentaculaire », le business model en réseau, un des sept
piliers du
modèle Tesla qui impacte profondément les organisations : « Elon
Musk
vient du numérique et veut accoler des services de partage d'énergie Ã
ses
modèles de voitures. »
Avec le rachat de SolarCity en
2018 pour 2,6 milliards de dollars, Tesla s'est positionné sur les
réseaux
d'énergie. Le constructeur a laissé entendre qu'il pourrait recycler ses
nouvelles batteries dans ses Powerpacks et Megapacks, ses dispositifs de
stockage d'énergie éolienne ou solaire, avant sa redistribution dans le
réseau.
Ce virage décisif a été consolidé en 2019 par le rachat de Maxwell
Technologies,
spécialiste du supercondensateur et de composants de batteries, basé Ã
San
Diego, et du canadien Hibar Systems, expert des petites cellules. Malgré
ses 6
milliards de dollars de pertes cumulées depuis sa création en 2003,
Tesla pèse
désormais quatre fois plus lourd en Bourse que General Motors, sept fois
plus
que Ford.
Extraits :
lesechos.com